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Quand la vision devient réalité : l’enseignement par diagnostic avec les bons outils

  • Photo du rédacteur: William Dion
    William Dion
  • 9 sept.
  • 8 min de lecture

Les moments marquants d’une carrière d’enseignant ne sont pas toujours extravagants.

Dans mon cas, c’est arrivé lors de la remise d’une évaluation. Plus particulièrement une évaluation du chapitre 3 en histoire de secondaire 4. L’élève a regardé sa note, puis m’a regardé, surpris. Cette évaluation était la première réussie en histoire, et ce, à vie. Ensemble, nous avions vaincu son impuissance apprise, soit son monologue interne qui lui disait qu’il ne réussirait jamais. La petite réussite vécue ce jour-là lui a permis de prendre confiance et de réussir son année.


Comment cette réussite a-t-elle été possible ?La réponse rapide : l’enseignement par diagnostic. L’enseignement par diagnostic est une combinaison de pratiques éducatives éprouvées : Enseignement par diagnostic.png


Cette méthode posait cependant un léger problème. Pour réussir à produire, évaluer et analyser un test, il me fallait environ 5 h de travail. Il m’était difficile d’appliquer la vision de l’enseignement par diagnostic… Nous avons depuis automatisé ces étapes grâce à la plateforme Entic.


J’ai maintenant les outils à ma disposition pour mettre en œuvre, dans son intégralité, ma vision de cet enseignement par diagnostic : offrir à chaque élève un parcours personnalisé qui l’aide à progresser, tout en cultivant sa motivation et son plaisir d’apprendre.

Voici comment je compte m’y prendre cette année !



1. Mes objectifs de l’année - Objectifs de l'année.png


Différenciation pédagogique personnalisée 

Offrir, à chaque cours, des exercices, des projets et un soutien pédagogique qui répondent aux besoins de l’élève.Réussite : exercices de modelage selon les défis des élèves en danger d’échec.Motivation : contrer l’impuissance apprise par des petites victoires.Pensée et conscience historique : pousser le questionnement de l’histoire chez les élèves en réussite.

L’équilibre théorie/pratique

Tenter d’investir 30 minutes et moins par période sur l’enseignement magistral de la matière. (Oui, je vous entends taper furieusement sur votre clavier qu’il est impossible de réussir cela en histoire de secondaire 4. Qu’il y a trop de matière à passer. Que c’est seulement possible avec des élèves forts.) Je vais tenter d’expliquer mon propos.

Voici tout d’abord ma planification : Gabarit plan de cours - 2025-2026 - Google Sheets.pdf

La mémoire de travail de l’humain est limitée (Baddeley, 1974). C’est pourquoi j’ai décidé de morceler l’enseignement de la matière selon la logique suivante :

  • Théorie initiale (30 min) : cours magistral, donne l’essentiel de la matière.

  • Exercices de modelage (tout au long du chapitre) : l’élève revoit directement ou indirectement la matière via les exercices de modelage.

  • Questionnaires et révisions Entic (1 à 2 fois par cycle) : l’élève revoit la matière à travers des questions d’examen. Les questionnaires peuvent être faits en mode formatif, ce qui leur procure une rétroaction immédiate.

  • Corrections de questionnaires (au besoin) : certains questionnaires seront à corriger. Ils pourront aller voir leurs réponses dans l’application et corriger ces dernières.

  • Rappels en début de cours (10 min) :

    • 5 min : rappel de matière vue plus tôt dans le chapitre ou l’année.

    • 5 min : rappel de la matière vue au dernier cours.

Cette planification de cours a pour objectif de limiter la charge cognitive initiale imposée à l’élève lors de la phase de théorie. Par la suite, la répétition espacée permet de revoir les savoirs essentiels tout au long du chapitre (et éventuellement de l’année). Les savoirs du début du chapitre sont donc revisités plus souvent que ceux de la fin du chapitre, plus récents dans la mémoire de l’élève.

Le choix de quels savoirs réviser est fait selon les données amassées depuis les cinq dernières années. Ces données nous permettent de déterminer la réussite et la prévalence potentielle de ces savoirs. Ils sont catégorisés ainsi : Ch.1 matière tiers.png

  • Vert : éléments clés qui méritent de revenir souvent pour bien s’ancrer.

  • Jaune : éléments à garder en mémoire et qu’on revisite de temps à autre.

  • Rouge : éléments que l’on peut laisser de côté sans que ça nuise à la progression.


Développement de l’autonomie

Dans un système de classe en différenciation pédagogique, l’enseignant ne peut être partout en même temps. Il est primordial de développer l’autonomie des élèves. Ces derniers arrivent en classe avec leurs motivations et des capacités d’autonomie divergentes.

Le premier défi est de déterminer ce degré d’autonomie présent a priori chez les élèves. Pour ce faire, ils seront observés durant les premiers cycles lorsque des instructions sont données. Ces dernières seront non contraignantes, c’est-à-dire que l’enseignant ne tente pas de forcer l’élève à faire son travail. La rapidité et le sérieux de la mise à la tâche sont notés. Ces notes permettent de situer les élèves sur un spectre de l’autonomie.

C’est en suivant cette mesure, imparfaite, que l’expérimentation de la différenciation pédagogique débute. Lors des exercices de modelage et/ou d’enrichissement, les élèves dits « autonomes » vont être dirigés vers des exercices de modelage puis d’enrichissement sans surveillance active. La méthode exacte à utiliser sera développée en cours d’année. Il pourrait s’agir d’un contrat signé entre l’élève et l’enseignant, d’une vérification des traces réalisées par l’élève, de la réalisation d’exercices proposés par la plateforme, d’une vérification de l’acquisition suffisante des savoirs et savoir-faire via des questionnaires sur la plateforme Entic et/ou d’autres pratiques éventuelles.

Les élèves nécessitant une surveillance plus active seront dirigés vers les mêmes types d’exercices. Ils pourront gagner en autonomie au cours de l’année en démontrant une rapidité et un sérieux lors de la mise à la tâche. Le pari étant que ces élèves préfèrent avoir le contrôle sur leur temps et leur apprentissage au fil de l’année.


Développement de la métacognition

Selon le Larousse, la métacognition est la connaissance personnelle qu'une personne a de ses propres capacités et de son fonctionnement cognitif, ainsi que la capacité de maîtriser ces processus. En termes simples, il s’agit de la capacité de l’élève à se questionner sur son propre processus mental lors de la réalisation d’activités pédagogiques.

L’enseignement par diagnostic fonctionne essentiellement sur la pédagogie par l’erreur. C’est-à-dire que l’erreur de l’élève devient une opportunité de se questionner sur son origine. L’élève, avec cette approche, va pouvoir développer sa métacognition lors des activités suivantes :

  • Questionnaire formatif sur Entic : ces questionnaires fournissent une rétroaction immédiate. L’élève peut ainsi savoir immédiatement qu’il a commis une erreur, se questionner sur son erreur puis choisir une action à poser pour ne pas la répéter.

  • Correction de questionnaire sur Entic : une fois un questionnaire complété, l’enseignant peut le rendre disponible à l’élève. L’élève peut ainsi voir les questions, les documents et ses réponses. Il est par la suite invité à expliquer l’erreur commise lorsqu’il y a lieu.



2. Ma planification de l’enseignement

Suite à cette belle démonstration théorique, je vous entends vous dire que le tout est impossible à mettre en pratique (et vous avez peut-être raison). Je vais tout de même tenter de rendre le tout concret.


Organisation physique de la classe - Plan de classe 2025-2026.png

Tout d’abord, il est important de savoir que j’ai l’incroyable opportunité de n’avoir qu’un seul local cette année. Je l’ai donc organisé avec quelques-unes de mes préférences : les équipes d’élèves pour faciliter la connaissance de l’autre et le bureau de l’enseignant en arrière.

Au niveau pédagogique, le plan de classe est organisé ainsi pour maximiser les espaces disponibles :

  • Le tableau blanc : présentations de la matière.

  • Le tableau vert : schéma conceptuel du chapitre en cours. De plus, il permet d’illustrer la matière différemment. Cette méthode m’a été donnée par Marc-André Lauzon, de la CSS des Navigateurs : Tableau vert à craie.png. Le savoir essentiel est le changement, les causes et conséquences sont abordées. Il est possible de voir aussi les continuités, par exemple, dans l’Acte d’Union, les lois civiles restent françaises.

  • Tableau arrière : cette section est un essai. L’objectif est de pouvoir afficher les travaux des élèves. Pour ce faire, ils devront associer ces derniers à un savoir essentiel et les situer dans le temps sur la ligne du temps. Le tout est encore embryonnaire.


Plan de cours type

Comme mentionné plus haut, je tente de m’en tenir à un maximum de 30 minutes de théorie par cours. Cette limite est évidemment malléable selon les contextes. Voici la description suivante en visuel : Planification de cours.png

Cours-type :

  • 10 min : retour sur matière.

  • 5 min : répétition espacée de la matière vue précédemment dans l’année.

  • 5 min : rappel de la matière du dernier cours.

  • 20-30 min : théorie du cours en mode magistral.

  • 20-30 min : différenciation des activités des élèves selon leur catégorisation, progrès et intérêts.

    • Modelage : acquérir les savoir-faire nécessaires à la réussite en histoire.

    • Projets : enrichissement en lien avec la matière enseignée (voir options ci-bas).

  • 5 min : retour sur le cours, rappel de la matière vue.


Cours-type avec Entic :

  • 10 min : retour sur matière.

  • 5 min : répétition espacée de la matière vue précédemment dans l’année.

  • 5 min : rappel de la matière du dernier cours.

  • 20-30 min : théorie du cours en mode magistral.

  • 20-30 min : compléter questionnaire sur Entic.

    • rétroaction immédiate au besoin ;

    • possibilité de corriger ses erreurs ;

    • peut être utilisé comme mini-test ;

    • exercices suggérés dans le cahier de modelage.

  • 5 min : retour sur le cours, rappel de la matière vue.


Révision Entic :

  • 20-40 min : questionnaire Entic.

  • 20-30 min : correction des erreurs faites dans le questionnaire (principalement de savoir-faire ; une seconde période de révision basée sur les savoirs est planifiée).

  • Minutes restantes : retour sur les difficultés observées par la classe durant le questionnaire (le tableau de bord des savoirs est utilisé pour diriger la période de révision subséquente).

N.B. : Ce type de planification a permis d’augmenter la réussite lors d’expérimentations passées, comme le montre le graphique suivant : Plan de cours et réussite.png


Enrichissement

Cette section permet de stimuler la pensée et la conscience historiques et d’augmenter la motivation de l’élève en lui permettant de faire des choix.

Les élèves ont accès à une table contenant quatre cartables et des livres appropriés. Les règles sont les suivantes :

  • respecter le cadre spatio-temporel du chapitre ;

  • lier tout travail à un savoir essentiel (Acte d’Union, Première phase d’industrialisation, etc.) ;

  • afficher le travail fait sur la ligne du temps à l’arrière de la classe.

La section enrichissement est actuellement en construction, mais voici les grandes lignes (avec matériel pédagogique) :

  • Schémas (et cartes) : choisir un savoir essentiel et réaliser un schéma conceptuel ou une carte.

  • Histoire de Drummondville (en construction) : travailler avec la Société d’histoire de Drummondville pour faire des liens avec la matière du cours.

  • Biographies  - Biographies : réaliser une courte biographie d’un personnage important et l’associer aux événements de l’histoire du Québec et du Canada.

  • SAÉ Récitus - SAÉ Récitus : compléter une SAÉ proposée par le Récit US.

  • Autre projet connexe : liberté laissée aux élèves de proposer une activité d’enrichissement.



3. Enjeux et défis à relever

La mise en place de cette planification de classe apporte son lot d’enjeux et de défis. Le premier à l’ordre du jour est l’appropriation du matériel. Pour réussir à obtenir le résultat escompté, les élèves devront se familiariser avec :

  • un cahier de matière ;

  • un cahier de modelage (comprenant un dossier documentaire et un cahier de théorie) ;

  • une plateforme en ligne ;

  • une organisation physique de la classe ;

  • des pratiques de métacognition ;

  • la liberté procurée lors de l’enrichissement.

Il semble avisé d’intégrer ces différents aspects au compte-goutte au cours des premiers cycles de l’année. Bien que l’objectif soit de développer l’autonomie, la métacognition et une différenciation personnalisée, il est impossible de tout réaliser en septembre.

Ensuite, les élèves doivent adhérer à la méthode. Il peut être déstabilisant pour plusieurs de vivre une expérience de classe différente. Les élèves qui ont déjà de la facilité dans une classe plus traditionnelle pourraient voir cette méthode comme potentiellement dommageable. Pour d’autres, le cadre plus souple peut être anxiogène.

La gestion de ces attentes devra se faire en début d’année. Afin d’y arriver, je vais d’abord présenter brièvement les données sur la réussite issues d’expériences passées dans ce type de classe. Puis, il sera important de trouver du temps pour rencontrer chacun des élèves afin qu’ils puissent s’exprimer. À défaut de trouver ce temps, un questionnaire anonyme leur sera présenté pour recueillir leurs commentaires.

Finalement, les élèves sont fortement invités à s’exprimer et à proposer des améliorations sur quelque aspect du cours que ce soit.



Conclusion

L’enseignement par diagnostic n’est pas une recette miracle, mais une démarche qui exige rigueur, constance et ouverture. Grâce aux bons outils, il devient toutefois possible d’alléger la charge de l’enseignant et de multiplier les occasions de réussite pour les élèves.

Mon objectif cette année est simple : transformer chaque erreur en tremplin, chaque petit succès en levier de motivation, et chaque parcours en une expérience d’apprentissage réellement personnalisée. Pour partager cette démarche et en évaluer les effets, j’écrirai régulièrement des articles de blogue afin de rendre compte de mon expérimentation en classe. Si cette vision s’incarne en classe, alors je pourrai dire que, pour mes élèves comme pour moi, la vision est bel et bien devenue réalité. 


 
 
 

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